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Le mythe des pesticides dans les fruits et légumes

Il est surprenant de voir à quel point les mythes reliés à l’alimentation sont tenaces. Dans un article publié récemment par un magazine à grand tirage sous le titre « L’erreur à éviter : Attention aux légumes non bio! », on peut lire « Si les légumes et les fruits que vous consommez ne sont pas de culture biologique, il serait sage de ne pas manger leur pelure, car celle-ci est remplie de tous les produits chimiques dont les champs ont été aspergés. » Sans remettre en doute l’importance de bien laver et, au besoin, de peler les aliments, cette affirmation propage malheureusement deux faux messages qu’il est grandement temps de corriger.

Le premier est que tous les fruits et légumes produits de façon non biologique sont toujours pleins de produits (lire engrais et pesticides) chimiques. Or c’est loin d’être la réalité. En effet, dans le cadre des analyses effectuées annuellement sur les fruits et légumes frais par les Ministères fédéral et provincial de l’agriculture, seul un pourcentage minime des échantillons présentent des quantités de pesticides dépassant les normes pour la santé. Mieux encore, une grande majorité d’échantillons sont exempts de toute trace de pesticides. Les chiffres fournis par le Centre québécois d’inspection des aliments et de santé animale (MAPAQ) pour la saison 2005-2006 sont particulièrement éloquents puisque moins de 1% des échantillons des fruits et légumes analysés se sont avérés hors norme alors que 95 % étaient exempts de toute trace de pesticide. De tels résultats témoignent entre autres des efforts constants consentis par les producteurs horticoles du Québec afin d’adopter des pratiques plus respectueuses pour la santé humaine et l’environnement.

Le deuxième message à corriger est, qu’à l’opposé, tous les fruits et légumes bio sont nécessairement exempts de pesticides. Or il faut savoir que l’appellation biologique certifie que l’aliment a été produit selon certaines normes, qui excluent l’utilisation d’engrais et de pesticides de synthèse. Cette appellation ne signifie toutefois pas que les aliments sont exempts de pesticides, car un certain nombre de produits non-synthétiques et de biopesticides sont autorisés en agriculture biologique. De plus, le programme de certification ne peut garantir l’absence de contamination par des pesticides provenant de sols contaminés ou de champs voisins.

Il est clairement démontré aussi que tous les fruits et légumes que l’on retrouve sur les tablettes des détaillants en alimentation ne sont pas également sujets à être contaminés par des pesticides. Le magazine Protégez-Vous a publié en mai 2000 une étude fort intéressante sur le sujet. Il faut être particulièrement vigilants dans le cas des aliments importés de pays ou de régions où les contrôles sont beaucoup moins sévères que les nôtres. Compte tenu que le Canada possède les normes de surveillance parmi les plus sévères au monde, une bonne politique serait d’acheter de plus en plus de produits locaux. Et si vous avez de la difficulté à en trouver chez votre détaillant, n’oubliez pas d’exercer votre pouvoir de consommateur. Il est beaucoup plus grand que vous ne le pensez.


Michel Letendre, biologiste-agronome, M.Sc.
Consultant en matière de pesticides et de gestion antiparasitaire intégrée
Québec

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